De la Géométrie !
 
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Tux Paint est donc un logiciel de dessin adapté à de jeunes enfants. Mais certaines de ses caractéristiques en font un outil intéressant pour véhiculer -je n'ose pas écrire inoculer- quelques germes mathématiques.
J'essaye donc de décrire sur cette page ce qui m'intéresse particulièrement dans ce logiciel.

Cette page est divisée en 3 sections. Cliquez sur les items ci-dessous pour accéder à la section voulue.

Séquentialisation Formes et Espace Scénarios Pédagogiques

Mise en séquence des actions...
 
La réalisation d'un travail graphique suppose le respect d'une certaine chronologie, on pourrait presque parler d'algorithme.
En effet, lorsque un tampon a été appliqué, lorsqu'un trait a été tiré, lorsqu'une forme a été posée, on ne peut plus reprendre. Impossible de déplacer : il n'y a pas d'outil de sélection ; contrairement à d'autres logiciels -pour adultes pour dire vite- les objets graphiques instanciés ne flottent pas sur l'espace de travail (ce qui permettrait de les déplacer à la souris).
Non, ici, quand c'est fait, c'est fait!

Certes, on peut toujours tenter de gommer, mais dans bien des cas, le remède risque d'être pire que le mal. Mais le logiciel propose heureusement deux boutons pour défaire et refaire. Ces deux boutons permettent assurément de tâtonner. Essayez simplement de dessiner une "maison" en posant un triangle sur un carré ...

Donc, on active en enchaînant une suite d'actions, qui produisent dessin, mais, voilà l'intéressant pour moi : on peut circuler parmi cette suite d'actions ! Plus on défait et plus on revient vers le début de son travail ; puis, plus on refait et plus on revient vers la fin de son travail.
Il s'agit typiquement d'une structure de pile (Fifo pour les informaticiens). On se gardera bien d'évoquer cette notion auprès des enfants, mais il n'est pas indifférent de leur faire noter cette mise en séquence de leurs actions créatrices.

Seul frein à mon enthousiasme : la pile semble limitée à une petite vingtaine d'actions. Pas question donc de tamponner à toute vitesse, n'importe comment, sous peine de tout gâcher de façon irrémédiable.

Mais ceci dit , le couple de boutons
défaire et refaire peut se révéler efficace pour aider l'enfant à raconter ce qu'il a fait.
Exemple de protocole possible : la consigne est de construire un beau paysage avec des oiseaux de toutes les couleurs dedans. La scène (Cf. infra) est fournie.
L'enfant utilise les tampons. Quand il a terminé son travail, il appelle la maîtresse (ou l'enseignant) pour le lui présenter.
Il clique autant de fois que nécessaire sur le bouton défaire jusqu'à revenir à la scène initiale.
Puis tranquillement, il clique, à son rythme, autant de
fois que nécessaire sur le bouton refaire jusqu'à revenir à la scène finale.
A chaque clic, un élément nouveau de sa composition est révélé, qu'il peut commenter.
Ce cheminement patient de re-construction de son travail aide l'élève à circuler dans l'espace de sa mémoire à court ou moyen terme. S'y ajoute évidemment le plaisir de voir monter l'image progressivement pour reprendre une expression de photographe (du temps de la photographie chimique).

On a donc une mise en séquence, suite ordonnée d'actes voulus, mais aussi une diégèse : "J'ai commencé par mettre les oiseaux rouges parce que je voulais qu'ils soient derrière. J'ai du faire attention à régler la taille pour qu'ils soient pas trop grands. Après j'ai mis les oiseaux verts et les jaunes".

...
et tâtonnement réglé
 
Le couple de boutons défaire et refaire permet à l'enfant d'essayer autant de fois qu'il veut. L'expérience montre que les enfants limitent assez rapidement leurs nombres d'essais, parfois même trop et trop rapidement.
Mais en terme de contrat, l'idée que l'on essaye, quitte à détecter que l'on fait fausse route et qu'il va falloir défaire plusieurs fois pour repartir sur une autre piste, me semble typique d'une attitude de recherche : il est normal de ne pas trouver d'emblée la solution de certains problèmes.

Pour clore ce paragraphe, Tux Paint permet d'installer une attitude qui peut préluder à celle qui sera attendue, bien plus tard, des élèves en Maths.
 
Séquentialisation et spatialisation

Le logiciel TuxPaint propose des images en profondeur. On parle alors de "scène".
Pour les détails techniques, lire à partir de la page 12 dans mon papier Work_with_Tux5.pdf .

Ce qui importe ici, c'est que dans une scène, il y  a un arrière-plan et un premier-plan.
Et toutes les interventions plastiques se feront dans un espace intermédiaire, entre ces 2 plans.

Comme il n'y a pas d'autres plans, tout ce qui est posé l'est par dessus ce qui a déjà été posé. Quitte à masquer, plus ou moins partiellement, un objet graphique déjà installé. Ce phénomène est particulièrement évident quand on utilise les tampons pour remplir une scène préparée à l'avance.

On retrouve notre pile, mais sous un jour nouveau ! Plus on colle d'éléments graphiques, et on le fait par dessus tout ce qui a déjà été déposé. Un axe invisible structure la zone de travail, d'avant en arrière.
Il ne fait que concrétiser l'axe du temps (faire telle action puis telle action ...) qui lui-même reflète la séquence des actions graphiques mises en œuvre.

Cet aspect du logiciel me semble important puisque l'on peut ainsi spatialiser le temps comme séquencer l'espace.
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